Qui est pour l’interdiction ?
- Le Conseil Général, notamment son président :
Christian Manable, Président du Conseil Général. PS. est à l’origine de la décision de l’interdiction de l’exposition. Il est président du Conseil Général depuis le 20 mars 2008 et a été réélu suite aux dernières élections cantonales.
David Andrieux, Directeur du Développement Culturel du département de la Somme. Alors qu’il a suivit la préparation de l’exposition, vu les originaux de l’exposition sans opposer de résistance au projet, et validé l’affiche avec la commissaire en amont (selon les propos de Janine Kotwica), David Andrieux est aussi celui par qui Janine Kotwica apprend la décision d’annulation. Il est le porte-parole de la décision du Président du Conseil Général, dans cette affaire et il justifie publiquement la décision et les arguments de Christian Manable.
- Le Secrétariat départemental du Front National :
Wallerand de Saint Just, secrétaire départemental du Front National et Conseiller régional de Picardie, a soutenu la décision de Christian Manable sur l’interdiction de l’exposition. Dans un communiqué, il a félicité le Président du Conseil général d’avoir su "résister aux cris d'orfraie de ceux qui défendent habituellement la pornographie et qui, autrefois, ont chanté les louanges de la pédophilie ". Il a estimé qu'il fallait "fustiger surtout les enseignants qui défendent cette exposition et crient à la censure" et qui "ne sont pas dignes d'approcher les enfants". Il a également demandé à ce que"toute subvention et toute aide publique soient retirées à ceux qui veulent atteindre la femme et la jeunesse, et qui devraient être sévèrement sanctionnés."
Qui est contre la censure ?
- La Commissaire d’exposition,
Janine Kotwica, est enseignante-chercheuse, auteur de plusieurs ouvrages sur la littérature de jeunesse, et commissaire de nombreuses expositions. Elle a élaboré cette exposition avec le conservateur de la Bibliothèque Départementale de la Somme, Hervé Roberti, qui a ainsi terminé sa carrière sur cette polémique.
- La bibliothèque départementale de la Somme
La Bibliothèque Départementale de la Somme devait accueillir dans ses locaux l’exposition de Janine Kotwica.
Les Bibliothèques Départementales de prêt sont des établissements placés sous la responsabilité du Conseil Général. D’après l’association des directeurs des bibliothèques départementales de prêt (l’ADBDP.), « les bibliothèques départementales (…) sont aujourd’hui chargées de mettre en oeuvre la politique des Conseils généraux en matière de développement de la lecture et des bibliothèques publiques. Sauf exception, les BDP ne sont pas directement ouvertes au public. Elles complètent, par leurs prêts régulièrement renouvelés de livres et autres supports, les collections d’une partie des bibliothèques publiques. »
La Bibliothèque départementale de la Somme à Amiens participe à la décentralisation culturelle par la diffusion de livres, de documents sonores et multimédia dans tout le département, notamment grâce à des bibliobus, organise des formations et comme toute BDP conseille « les collectivités pour la mise en œuvre de plans départementaux de développement de lecture publique ». Elle peut également « organiser des opérations d’action culturelle sur l’ensemble du département, en lien avec le réseau des bibliothèques. »
Elle n’est ouverte qu’aux dépositaires du lundi au vendredi sur rendez-vous, ce que beaucoup de journalistes se sont empressés de rappeler pour éviter que la confusion ne soit faite avec le public large (enfants compris) fréquentant les bibliothèques municipales.
- L’Association des bibliothécaires de France
En représentant les 3000 adhérents (professionnels des bibliothèques, établissements, collectivités) de l’Association reconnue d’utilité publique, le Président Pascal Wagner, le vice président Dominique Lahary, la déléguée générale Danièle Chantereau et le redacteur en chef de la revue Bibliothèque(s) Philippe Levreaud, ont soutenu leurs collègues lors de cette interdiction. En éditant le catalogue de cette exposition, L'ABF s'élève contre l'acte de censure du Président du Conseil général de la Somme, et donne à voir au public les reproductions des dessins qu’il a failli manquer.
Pascal Wagner s’explique et élargit le propos, en préface au catalogue : "En décidant de publier le présent catalogue d'une exposition élaborée par une bibliothèque dans le cadre de ses interventions culturelles et déprogrammée par la tutelle administrative de la dite bibliothèque, l'ABF souhaite émettre un signal à propos du problème récurrent de la censure en bibliothèque - une piqûre de rappel, en quelque sorte."
- Le barreau des avocats.
Le barreau est un ordre professionnel qui regroupe les avocats et avocates d’un territoire. Chaque avocat doit appartenir à un barreau pour exercer sa profession. Cette assemblée élit un bâtonnier pour 2 ans. A Amiens, le Bâtonnier, Hubert Delarue, a ainsi pour mission de représenter l’Ordre dans tous les actes de la vie civile et pour traiter toutes les questions relatives aux intérêts de l’Ordre. Se positionnant en faveur de la liberté fondamentale d’expression et de création, il a décidé de façon symbolique de défendre cette exposition en l’accueillant dans ses locaux, en face du Palais de Justice.
- L’Observatoire de la censure
Créé en 2004 par Orphéon - Bibliothèque de théâtre Armand-Gatti, l'Observatoire de la censure réunit des professionnels du monde des arts, de l’information, de la communication… Il œuvre à enrichir la réflexion, le débat et l’information sur la censure, l'autocensure et la liberté d'expression. C’est en cette qualité qu’il s’est rapidement positionné en soutien à Janine Kotwica et à son travail. « l'Observatoire rappelle que « le rôle des politiques n'est pas de réprimer les œuvres, mais de favoriser leur diffusion. Il appartient au public de juger l'exposition »
- L'Observatoire de la liberté de la création
De nombreux artistes et professionnels de la culture ont signé le manifeste de ce collectif, lié à la Ligue des Droits de l’Homme : http://www.ldh-france.org/-Le-Manifeste-
L’Observatoire de la liberté de la création a qualifié cette annulation d'« acte de censure ». Ce point de vue est cohérent avec l’idée suivante, tirée du Manifeste : « Il est essentiel pour une démocratie de protéger la liberté de l’artiste contre l’arbitraire de tous les pouvoirs, publics ou privés. Une oeuvre est toujours susceptible d’interprétations diverses, et nul ne peut, au nom d’une seule, prétendre intervenir sur le contenu de l’oeuvre, en demander la modification, ou l’interdire. L’histoire a toujours jugé avec sévérité ces censures et ces condamnations qui furent, au fil des temps, l’expression d’un arbitraire lié à une conception momentanée de l’ordre public, de l’ordre moral, voire de l’ordre esthétique. ». La Ligue estime que la collectivité s'est « couverte de ridicule en censurant » cette exposition.
- Les illustrateurs :
Les illustrateurs sélectionnés pour l’exposition sont des illustrateurs connus pour leurs publications à destination des enfants. Ces illustrateurs n’en sont pas moins artistes, et leur domaine artistique dépasse parfois ce type de productions. Parmi eux, certains ont publié des dessins de presse (Ungerer…), des œuvres pour adultes (Claverie…), certains mènent parallèlement une carrière de peintre (Truong…) ou de publiciste et certains ont même déjà exposé et publié des dessins érotiques. Mais, sauf pour Tomi Ungerer, Nicole Claveloux ou Lionel Koechlin, ces œuvres sont souvent restées méconnues du public. Cette exposition rend hommage à ce pan de leur œuvre.
- Le Syndicat National des artistes plasticiens – CGT
Ce syndicat cherche à promouvoir les conditions d’accomplissement des créations plastiques les plus diverses, et à développer une analyse des difficultés que connaissent les plasticiens et des solutions envisageables. C’est ainsi que, pour défendre la liberté de création, il a adressé une « lettre ouverte » au président du conseil général de la Somme. Il y exprime sa désapprobation, estimant le motif de Christian Manable « très contestable ». Opposé à toute forme de censure, il s’interroge : « Le premier des engagements de l'art, n'est-il pas de faire penser le spectateur ? » Le syndicat soulève aussi «le malaise » créé chez les artistes par les interdictions pour « atteinte aux bonnes mœurs ».
- Le secrétariat national de la culture du PS
Chaque membre du secrétariat national du PS a en charge un secteur d'activité du parti et rend compte devant le conseil national de l'activité de son secteur. Les responsables nationales à la culture du PS, Sylvie Robert, la secrétaire, et Karine Gloanec Maurin, son adjointe, ont désavoué la décision de leur « camarade » d’Amiens. Elles lui rappellent, dans une lettre, l’attachement du parti « à l'indépendance de programmation et de conception des responsables d'institutions culturelles et d'expositions (...) tant il est vrai que la liberté d'expression et de création artistique constitue un droit fondamental, chèrement acquis, et ô combien fragile aujourd'hui ». (extrait tiré du Courrier Picard du 10 juin 2010). En effet, d’après elles, « si les élus sont confrontés à la réaction du public devant des œuvres d'art, « c'est bien au public de juger la valeur des œuvres, et c'est de notre responsabilité d'élus d'en assurer les meilleures conditions de diffusion et de transmission ». Au 10 juin 2010, elle attendait de Christian Manable qu’il revienne sur sa décision.
Le samedi 28 août 2010, les socialistes ont d’ailleurs organisé une conférence sur le thème : « Les Socialistes, la culture et les médias : liberté d'expression, libertés fondamentales ». Ce qui vient appuyer leur conception de la culture publique.
- La Direction Régionale des Affaires Culturelles
Dominique Baillon Lalande, conseillère au livre et à la lecture, et Christine Ferrand de la Conté, Directrice régionale des Affaires culturelles de Picardie, ont soutenu l’exposition lors du montage du projet.
- L’Association La Briqueterie :
Sophie Douchain, membre bénévole de la Briqueterie, association d’expression artistique et culturelle d’Amiens, a décidé suite à l’annulation de l’exposition de Janine Kotwica, de programmer une exposition, appelée Anastasie, sur la censure artistique du 11 au 21 octobre 2010. Cette exposition a permis de redonner un nouvel éclairage médiatique à l’affaire. Notamment dans la presse internationale.
Article du Courrier Picard : http://la.briqueterie.over-blog.org/article-les-artistes-s-expriment-sur-la-censure-60135534.html
Article du Brooklyn Street art: http://www.brooklynstreetart.com/theblog/?p=15360
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